Nous atteignons vers 14 heures la laguna colorada, la
lagune rouge, à 4 278 mètres. La lagune, le matin, revêt une couleur
terne, classique, à peine teintée de rouille. Puis le vent se lève et
des millions d'algues microscopiques donnent immédiatement à ces eaux
de surface une couleur garance.

Une description picturale du tableau vous donnera l'once
d'un embryon d'approche de ce festival chromatique. En fond, nos traditionnels
volcans aux couronnes glacées. Leurs flancs sombres sont tachetés de
jaune, ces milliards de touffes d'herbe sèche et d'épineux qui virent
du jaune à l'ocre en soirée. Avec le coucher du soleil arrive le froid.
Martine se recroqueville, se met en boule, modifie son métabolisme et
entame une mini hibernation. A cette époque il ne fait que -10°C la
nuit.
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En juin cela peut descendre à -30°C. Duvets
chauds et couvertures nous maintiennent en vie, ou tout au moins dans
un semi-coma. La lagune est ceinturée de gypse et de sel en si dense épaisseur
qu'ils forment parfois de véritables icebergs aveuglants de lumière. Les
eaux sont maintenant orange vif, rouges ou pourpres, suivant l'inclinaison
du soleil. Moïse se sentirait ici à l'aise. Ouvrir les eaux peu profondes
de cette lagune lui poserait peu de problèmes. |
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Des milliers de flamants
s'y nourrissent, profitant des eaux bleues très chaudes qui sortent des
entrailles volcaniques et se déversent dans cette vasque plus colorée
qu'un tissage indien. Nous nous baladons deux à trois heures, seuls, autour
de la lagune.Vers 5h30 du matin nous reprenons la route. Nous partons
observer les geysers à Sol de Mañana, geysers bien entendu, comme tous
leurs cousins de la région, principalement actifs le matin. Nous sommes
alors à 4800 mètres environ, soit la hauteur du Mont-Blanc. |
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Les geysers n'en sont pas véritablement.
Ce sont de puissantes fumerolles qui s'échappent de marmites en ébullition
et qui rappellent au visiteur que la terre n'est pas un astre mort. Le
lever de soleil sur ce brouillard explosif est de toute beauté. |
Nous passons un col à 5000 mètres
et surfons sur des vagues rocheuses et sableuses jusque la laguna verde,
laissant sur notre gauche des peintures de Dali, sur notre droite des
rochers baptisés " l'arbre de pierre ", " la poule " ou " le condor
".

La laguna Verde,
au pied du volcan Licancabur, mi-chilien, mi-bolivien, possède les mêmes
caractéristiques que la laguna colorada. Mais en ce mois de mai, l'été
indien s'est abattu sur la Cordillère et les vents se cachent dans d'autres
vallées. Une risée nous laisse imaginer la beauté de cette robe turquoise
qu'elle garde pudiquement au placard.

Suite du parcours autour d'Uyuni
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