Suite du parcours 4x4 autour d'Uyuni

 

 
 
 

Changer de pays

Nous embarquons le 1er mai dans le Landcruiser, sans avoir échangé le moindre mot, la moindre présentation avec notre chauffeur-guide et la cuisinière. Il nous faudra plusieurs heures pour percer la carapace de ce vieil indien, et constater avec plaisir que l'homme peut être sympathique. La première journée n'est pas exceptionnelle. Il s'agit principalement de tailler la route, de rouler sur ces pistes de montagne pour se rapprocher de la frontière chilienne.
Nous croisons nos premiers troupeaux de lamas. Laissés en liberté, les lamas restent des animaux domestiqués, élevés pour leur laine, mais aussi pour leur viande, très riche en protéines, malheureusement insuffisamment saine pour les gringos. Quelques hameaux aux maisons de torchis jalonnent la piste ça et là.Les carences du transport interurbain au cœur de ces montagnes très isolées incitent beaucoup de vieilles femmes à faire du stop, mais notre chauffeur reste inflexible.
Nous poursuivons seuls notre route, de plus en plus abandonnés, ne croisant plusieurs heures durant, ni véhicules, ni âmes indiennes.
Te Nous atteignons Alota au coucher du soleil, un village d'habitat traditionnel où les maisons de torchis sont toutes couvertes d'un toit de chaume.Notre logement est rustique mais convenable, et puisque notre cocinera s'occupe de nos agapes du soir, nous sommes vraiment comme des rois.

Le deuxième jour, Dieu se dit : " soyons fou ". De son chapeau de magicien galactique il nous sort avec une grâce que nous lui rendons, un majestueux condor, sorte de phénix andin qui vient jusqu'à se poser près de nous, fort de son immortalité.

Puis viennent à nous quelques dizaines de vigognes effarouchées, craintives. Sur les champs de lave qui dégoulinent du couvre-chef divin, courent également des lièvres-écureuils et des nandus très farouches. Nous dépassons les 4000 mètres. Nos organismes ne se ressentent plus du soroche. Nous sommes désormais acclimatés, polyglobulés, prêts pour le grand spectacle, sous la lumière crue et vive des projecteurs qui éclairent la scène. Au pied des cheminées volcaniques qui culminent entre 5000 et 6500 mètres, les lagunes se multiplient, tachetées de centaines de points roses et lumineux.

Brel pourrait chanter que les flamants des Andes ne sont pas souriants. Ils fuient avec grâce, perchés sur leurs fines échasses, la focale fouineuse du photographe. Perdant tout espoir de leur tirer le portrait, nous les figeons dans leur fabuleux décor. Le 4x4 poursuit sa route cahotante. Les cirrus d'altitude caressent le sommet de nos crânes. Les sources chaudes volcaniques se déversent dans les lagunes et expirent leur fumée blanche. Les volcans actifs se coiffent d'un panache sulfureux. Les Andes sont jeunes, bouillonnantes. Les Alpes, par comparaison, font figure de vieille grand-mère ratatinée, aux rides profondes, creusées. Ici, comme je l'ai déjà écrit, les vallées sont immenses et l'horizon a encore un sens. Au-delà des lignes virtuelles de ces frontières terre-ciel, vous apercevez toujours le sommet enneigé d'un quelconque volcan, et cette vie derrière l'horizon vous donne pleine conscience de la rondeur de la terre.

  Suite du parcours 4x4 autour d'Uyuni

Etape précédente.................. Réagir à ce récit ............Etape suivante

 

Votez !

 

Etape précédente.................. Réagir à ce récit ............Etape suivante
Lire en musique