Le lendemain nous apprenons avec joie que la grève est
terminée, retour aux prix du mois de Juin sur l'essence, dégel des comptes
courants ...etc. So, bus pour Guayaquil, puis bus pour Cuenca. Mais
le ciel est gris. Tiens donc ! Montagnes évaporées, volées au voyageur.
Ville inintéressante. Meilleur hôtel de la ville mais pas d'eau chaude.
Resto chinois minable. On se casse le surlendemain pour Riobamba, toujours
dans la sierra, à cinq heures de bus. Ciel gris.

Et des volcans, nulle trace.
On se contente des cartes postales. Rien à voir ici. On achète le journal,
on s'assoit sur un banc. Ça chauffe à Bogota. Les mouches se jettent
sur les cadavres qui chaque jour tombent plus nombreux. Négociations
de paix dans l'impasse. Les FARC et l'ELN menacent le gouvernement Colombien.
Au Nord, les extrémistes s'attaquent aux touristes et le narco trafic
en Amazonie bat son plein. On pousse la porte d'une agence de voyage
: Combien pour un vol Quito-Caracas por favor ? Martine sourit. Bientôt
le soleil des Caraïbes, les plages, l'ultime nonchalance estivale, les
vacances quoi ... Nous retrouvons le lendemain la place centrale de
Riobamba. Sur notre banc nous sommes bientôt cernés par deux cents indiens,
très dignes, revêtus de leurs plus beaux atours, chapeautés selon leurs
vieilles traditions.

Les femmes sont étranglées par cent tours de colliers
et couvertes de mantas superbes. Les hommes portent le poncho de leur
groupe ethnique. Tous portent aux pieds des mini-bottes en plastique.
La police patrouille autour de la mairie. Nous enquêtons discrètement
pour apprendre que le Dr Jamil Mahuad, ce bon vieux Jamil, arrive dans
une petite heure pour discuter avec les indigènes. Rappelons
que c'est ainsi que les indiens sont appelés par leurs compatriotes
équatoriens. Jamil arrive en hélico. Les
indiens, eux, descendent de leurs montagnes à cheval, sidi aïe aïe ,youpi
youpi aïe… "Vous pensez que le docteur vous écoutera ? Dans son intérêt,
sinon on le tue ... " Ouh la la ... le ton diplomatique est donné. Tuer
un président de la République en exercice, cela peut créer du vilain.
Allez, on se casse...vers Quito. Notre fuite en avant se poursuit dans
ces décors gâchés par la mauvaise saison.

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