Changer de pays

Le biréacteur survole les hectares de serres plastifiées de l'industrie horticole colombienne, bascule sur l'aile gauche, rétablit son assiette, remet un peu les gaz pour revenir sur son axe de descente, arrondit légèrement pour effleurer le tarmac, et atterrit sur l'aéroport de Bogota à la vitesse de 275 km/h.
La salle de transit est superbe. Les fauteuils ont une assise bien ferme, idéale pour le dos. La musique d'ambiance est délicate. Cela nous change des idiotes romances à la sauce corazon qui inondent les ondes équatoriennes de leurs voix et mélodies chloroformées.
La voix des hôtesses dans le haut-parleur est douce, volontaire, pleine d'énergie sereine. Les avions, le nez contre la vitre sourient à plein gaz. Là-haut, le soleil perce enfin la couverture nuageuse. Martine sort les lunettes noires, la crème solaire. Quel confort la Colombie ! Merveilleuse Colombie ! Rien n'est trop tard. On peut encore sortir, récupérer nos sacs et partir errer dans ce pays étrange, de Bogota à Cali, de Cali à Medellín, puis sur la côte, puis dans la jungle... Merveilleuse Colombie... Mais les titres des journaux là-bas, au fond de la salle de transit, nous en dissuadent. Hier, c'est encore un avion américain de contrôle du narco-trafic qui a disparu au-dessus de l'Amazonie. Aucune trace de crash. Aucune nouvelle. Seize personnes à bord. De leur côté, les FARC multiplient menaces, attentats et enlèvements. Nous embarquons donc dans le Mac-Donnell Douglas et quittons ce joli pays que les hommes empoisonnent. Martine, mon héroïne à moi, pure et raffinée, est rassurée. Moi aussi. A nous les Caraïbes !
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